Potager taille réduite problème (Page 3)

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Marc65 (65)
19/08/2019 à 10:19

Le souci, Hallu, est que tu dégaines chaque fois qu'un jardinier parle de remuer sa terre pour planter une salade, et qu'il ne va certainement pas bouleverser sa façon de faire pour si peu. Alors ça peut ressembler à du matraquage, et être pénible à certains.
Mais aujourd'hui, il est certain qu'on doit tous se poser des questions de fond sur notre "usage du Monde", et en particulier nous, jardiniers, qui sommes en prise directe avec la nature, et qu'il faut accepter de remettre en cause et en discussion nos pratiques.
On peut craindre, et on le constate largement, que ce besoin de nouvelles réponses nourrisse un cortège d'idéologies d'autant plus fumeuses qu'elles sont séduisantes, d'autant plus miraculeuses qu'elles sont irrationnelles, portées par des escrocs, des fanatiques, où par des gens de bonne foi mais abusés eux-mêmes par leur propre bonne volonté et leurs propres bons sentiments.
D'où une prudence, une réticence, normales. Personnellement, je ne vois que l'expérimentation, la méthode expérimentale, celle de la recherche scientifique, pour cautionner autant que possible les choses. Tant que les conclusions et les principes tirés des pratiques du Maraîchage Sol Vivant ou de l'Agriculture de Conservation ne relèvent que de ceux qui les pratiquent, ils sont de faible valeur et peu convaincants, car ils sont souvent des extrapolations à partir de quelques constats.
On peut se plaire à faire cette expérimentation dans son jardin, car nous sommes tous curieux et soucieux de nous instruire, mais on ne convaincra pas l'humanité de vivre dans l'expérimentation car ce serait trop de précarité pour des gens raisonnables.

Réponses
Hallu (95)
19/08/2019 à 10:25

Faibles valeurs ? Les mecs font du MSV depuis 15 ans pour certains. "Quelques" c'est quand même 300 fermes, et des études d'agronomes... Soltner en fait depuis bien plus longtemps, 30 ans, Fukuoka depuis 70 ans... Les revenus et rendements du MSV sont dispos en ligne. Quant au semi direct sans labour pour les céréaliers, c'est 80 à 90 % de l'agriculture brésilienne et argentine, même si eux le font malheureusement avec pesticides... J'ai vu tout ça, j'ai testé, ça marche. Et je suis scientifique moi aussi. J'ai fait du labour avant, et j'ai vu la différence. Moins d'arrosage nécessaire, plante en meilleure santé, moins de travail pour le jardinier, moins cher, plus de vie dans le jardin (insectes notamment). Tu peux parler d'expérimentation si tu veux mais à terme c'est bien cet agriculteur qui remplacera le labour, car ils n'ont tout simplement pas le choix, le labour détruit leurs sols. C'est d'ailleurs pour ça que le Brésil et l'Argentine ont fait la transition : les pluies diluviennes lessivaient leurs sols à vitesse grand V. Chez nous c'est plus lent, il pleut moins, donc on a du retard. Mais on va le faire, aucune autre solution. Autre chose dont on parle pas : on voit des agriculteurs qui repartent travailler avec le sourire. Ils voient que la biodiversité revient avec ces pratiques, puisqu'ils n'utilisent quasiment plus de pesticides, et sont donc à nouveau fiers de faire de bons produits, et ça c'est inestimable.

mimicalva (14)
19/08/2019 à 10:51

qu'est ce que le MSV, SVP ????

Hallu (95)
19/08/2019 à 11:00

Maraîchage sol vivant. En gros tu laboures plus, tu donnes à manger à ton sol via des paillages et du compost, en retour le sol vivant nourrit la plante. Bien fait, tu as des rendements supérieurs sur beaucoup de cultures (oignons, choux, carottes...), et surtout tu n'as besoin d'aucun engrais ni pesticide. Jusqu'à présent c'est la mécanisation qui posait problème, mais ils innovent. Tu commences à avoir des semoirs pour la paille, des broyeurs à paille, et pour étendre le paillage, ils utilise un épandeur à fumier. A l'heure actuelle tous les nouveaux maraîchers qui s'installent en France utilisent le MSV, ils ont pas envie de labourer.

Yoyo33 (33)
19/08/2019 à 11:56

J’ai une question : de l’herbe tondue mais qui a séché au soleil et qui est devenue toute sèche est-elle considérée comme matière carbonée comme la paille ou bien est-ce toujours matières azotées ?

Marc65 (65)
19/08/2019 à 11:59

Alors disons "valeur relative", Hallu. Qu'on ait de bons rendements dans les sols humifères, cela va de soi et on le sait depuis toujours. Mais importer la paille depuis les champs de céréales pour nourrir son jardin, c'est déplacer le problème. On ne peut pas généraliser cette pratique. L'Agriculture de Conservation me semble une piste plus porteuse d'avenir, mais il me semble que ces paysans ne renoncent pas à l'agriculture chimique, certainement parce que ce qu'ils espèrent d'un sol vivant c'est un surcroît de rendement, entre autres bienfaits, mais pas de fournir à lui seul un rendement concurrentiel avec l'agriculture conventionnelle. Donc en pratique, tu as des maraîchers qui importent de la matière organique et des paysans qui épandent des engrais, et ils ont de bons rendements et des cultures plus vertueuses. Tout ça est bel et bon, on peut s'en inspirer, mais il n'y a pas non plus de quoi grimper aux rideaux.

Hallu (95)
19/08/2019 à 12:58

Yoyo : ça dépend de ton herbe. Si c'est juste du gazon, non ça reste trop azoté même séché. Pour équilibrer, il faut rajouter de la tige. Des grandes plantes fleuries ou en graines, bien dures bien ligneuses. Si tu laisses par exemple une grande parcelle en friche, et la fauches en mai/juin quand ça a atteint la floraison, et que t'as un beau mélange de trucs bien hauts et d'autres trucs plus petits et mou, ça te fait un excellent paillage. C'est pour ça que typiquement un engrais vert où tu mélanges des légumineuses (majorité d'azote : féverole, pois, vesce, trèfles...) et des graminées (seigle, avoine...) c'est parfait.

Pour Marc non je t'assure qu'on peut et qu'on va généraliser la pratique. Ils ont eu 15 ans pour réfléchir sur le sujet, ils se sont posés la question tu te doutes bien. Leur plan est de faire des haies d'arbres à BRF, en trogne, et des couverts végétaux ultra productifs multi espèces. Quand tu fais 20 espèces dans un couvert, tu produits beaucoup plus de "paille" que sur un blé mono culture, ça a rien à voir, regarde www.the-jena-experiment.de/ . Les agriculteurs n'espèrent pas un surcroit de rendement, ils espèrent avant tout redevenir rentables, et ne plus flinguer leurs sols. A l'heure actuelle, ceux qui ont labouré jusqu'à avoir entre 1 et 2% de matière organique ne produisent que trop peu pour se faire un salaire. Ils ont pas le choix, faut restaurer les sols à grands coups de couverts et BRF.

Les maraîchers qui importent la matière, faut pas oublier que c'est de la matière qui est souvent jetée sans quoi, ou a minima transformée en compost vert, qui est parfois donné gratuitement tellement les gens ne connaissent pas. Donc c'est une période de transition, ils le savent les maraîchers qu'à long terme faudra qu'ils produisent leur paillage ou aient des accords avec des agriculteurs. Mais comme le maraîchage a de gros rendements au m², ils ont les moyens de le faire. Eux n'auront aucun souci. C'est plus la céréale qui est difficile. A terme faudra plutôt qu'ils se tournent vers des céréales très rentables (arrêter le soja par exemple, car le Brésil inonde le marché, et faire des trucs demandés à la mode comme l'épautre bio, le seigle...), ou de l'élevage, nourri par des prairies multi espèces et pas par des céréales à pas cher d'Asie ou d'Amérique.