Faut-il être "écolo" ?

Message d'origine
Marc65 (65)
07/04/2020 à 10:43

Etre écolo c'est quoi? bien ou pas bien?Comment? Dans quel but? jusqu'où? Un vaste débat, mais un débat utile pour chacun et pour tous.
A mon avis le public de notre forum, fait de gens longuement mûris dans leurs jardins, est le meilleur pour avoir une discussion riche et argumentée. Au bout du compte, il s'agit d'essayer de préciser quel doit être le bon usage de la Nature.

Réponses
guy 45 (45)
07/04/2020 à 12:09

Vaste sujet Marc, et tu fais bien de lancer ce thème.
Je suis en fait assez narquois à ce sujet je le reconnais.
Etant du monde agricole très traditionnel, qui n'hésite pas à utiliser les moyens de défenses mis à notre disposition, de façon raisonnée, et raisonnable, je me gausse de cette nouvelle mode dite écolo qui va du producteur, au politique en passant par le citoyen lambda qui n'y connait pas grand chose.
Je considère comme particulièrement indécent, cette nouvelle religion qui se donne pour objectif de mettre à plat les progrès de notre agriculture, en massacrant à tout va, tout ce qui n'est pas selon leur critère, et leur façon de penser, respectueux de cette nature.
Ces soit disant écolos fanatiques affirment détenir la lumière céleste, et nous emmène lentement mais surement dans le mur.
Je suis en fait, un paysan qui aime la nature, la respecte, mais qui entend aussi être respectée par elle, de façon à pouvoir en vivre et faire vivre notre monde.
Le confinement que nous subissons en est la supra démonstration, un virus étant tout à fait naturel.
La nature doit être dominé, avant qu'elle nous domine.
Chaque place a sa chose et chaque chose a sa place, et si une herbe vient à envahir mon jardin elle va mourir, reste à savoir comment, mais sans en chercher le pourquoi, même si ce n'est pas écolo, mais en restant raisonnable, et respectueux de l'avenir.

Marc65 (65)
07/04/2020 à 13:04

Merci Guy 45 d'être le premier à répondre, et de manière aussi ample et tranchée. Je suis moi-même né et élevé dans une exploitation agricole, et je retrouve dans ce que tu dis un ressenti que je connais bien. Mais je suis partagé, parce que je suis de ce milieu, et que j'y ai vu les mêmes défauts qu'ailleurs, ni plus ni moins : égoïsme, appât du gain, mesquinerie, mensonges, ignorance, et que ça me rend hermétique à toute idéalisation du monde agricole. Nous sommes plus ou moins de la même génération, peut-être as-tu vécu comme moi la chose suivante: Un morceau de bocage, plusieurs kilomètres de haies, réduits à un gros tas de souches fumantes au milieu d'une parcelle de 10 ha, et au bord du champ un attroupement de paysans enthousiastes et émerveillés d'autant de puissance. Il y a des choses que j'ai réussi à relativiser avec le temps et d'autres pas. Parce qu'on ne peut pas tout justifier en prétextant la nécessité, le progrès, ou le "faut bien vivre". Et peut-être que le jardinage amateur, étant moins contraint , est propice à une pratique beaucoup moins agressive que l'agriculture, qui elle-même ne cesse d'évoluer dans cette direction malgré les contraintes. Une partie de la tension entre la société et le monde agricole vient sans aucun doute d'une méconnaissance de la part de ceux qui le critique, mais aussi il y a un blocage de l'autre côté, un refus obstiné de changer de logiciel. Pourtant, volens nolens, l'agriculture doit être en phase avec la société. Il y aurait de la pédagogie à faire des deux côtés.

guy 45 (45)
07/04/2020 à 14:05

Oh !!! Que ton bocage fumant, me rappel mes 8 ans, contraint et forcé, par une situation pénible, de passer, mais en fin de compte, pour mon grand bonheur, un été dans une ferme perdue sur les hauteurs de la Loire, mes parents devant s'installer sur Paris.
J'y ai connu le labeur du paysan, fourche en main pour entasser les bottes de paille.
De ma petite taille, ces gens me paraissaient des géants, pleins de puissance, et de sueur.
La traite manuelle au cul des vaches bouseuses, dans cette odeur d'étable aux poutres noires, qui ne s'oublie jamais.
Ce lait chaud mousseux, que je ne parvenais pas avaler avant de l'avoir porté quelques heures dans la fontaine fraîche, dans une petite bouteille de verre.
Ce goût crémeux, fort et authentique, que peu de citadin connaissent vraiment, et qui est encore gravé dans mes papilles.
Et puis cette petite fille de mon âge qui m'a montré alors bien innocemment, notre différence, au moment de la sieste obligée, par les grandes chaleurs.
C'est ce que je retiendrai de ton propos dans l'immédiat.
Mais, est-ce cette année qui a déterminé mon ancrage dans le monde agricole, je ne sais pas, mais de grâce, tel que vivaient ces gens, comme d'un autre siècle, je me suis juré de ne jamais revoir une telle pénibilité, et me suis battu pour en améliorer le sort, alors que de nouveaux prophètes veulent leur ressembler, et nous y verser à nouveau par de belles paroles.

André Jean (86)
07/04/2020 à 16:48

Oh! c'est de la poésie!
L'écologie, c'est d'abord une science gâchée par des gugusses qui instrumentalisent tout sur leur passage.
Les agriculteurs d’autrefois fumaient les champs sans ajout d'engrais chimiques.
Hélas, endettés pour avoir des tracteurs et autres qu'ils mettent une vie à rembourser il a fallu passer à la vitesse supérieure. Quitte à ce que le trop plein atteigne les nappes.
Maintenant il existe des labos qui fabriquent des produits mieux dosés et applicables en agriculture biologique. Mais, au jardin, sur des petites parcelles, soignées avec amour, je vois pas l’intérêt. Quand je veux dix salades, j'en repique 20. Qu'importe si, comme ce matin j'en trouve une flétrie.
Pour respecter la nature, faut lui foutre la paix, pas besoin de ministères!

Marc65 (65)
07/04/2020 à 17:11

Guy 45 ,Le tableau que tu fais de l'écologie est celui d'un passéisme idéaliste doublé d' obscurantisme, une mode pour bobos ou pour gogos. Et tout cela existe, mais à mon sens ce n'est que la mousse qui cache ce qu'il y a de sensé et de rationnel. Si on aborde l'écologie comme une des matières de la biologie, on apprend que la nature donne à manger à tous les organismes qui la constitue sans jamais épuiser les ressources, alors que notre agriculture produit d'autant plus abondamment qu'elle détruit des ressources épuisables. C'est le lot de toutes nos activités de production, mais au moins pour produire des plantes nous avons cet exemple de durabilité dont on peut s'inspirer. Ceux qui s'en inspirent en connaissance de cause pour jardiner s'en trouvent bien, leurs légumes aussi, et la biodiversité également. Cela donne des armes supplémentaires pour produire durablement, cela ajoute la fertilité naturelle des sols vivants à la fertilisation conventionnelle. Je n'y ai rien trouvé d'incompatible dans mon jardinage, et au lieu de me rendre bête cela me fait potasser l'agronomie bien à fond. Tu te souviens sans doute de ces années où on commençait tout juste à entendre parler de "semis direct", sans labour. Parmi les miens, personne n'y croyait. Le premier qui s'y est essayé a passé pour un illuminé, un crétin, et c'était bien normal après mille ans de labours. Mais cela prouve que les autres n'en savaient pas assez, que moins ça peut faire plus, et qu'après avoir travaillé en puissance, il est temps de travailler en finesse. Le travail agricole est de plus en plus fin, l'écologie est une finesse de plus à connaître et savoir utiliser.

André Jean (86)
07/04/2020 à 17:53

Mon premier jardin était noyé l'hiver et desséché l'été. Je cultivais sur un compost riche en sable que j'apportais dans des bidons, fin des années 60. Je n'avais jamais entendu parler de permaculture ni même d'écologie. Ces apports ont modifié la surface du sol et plus tard je cultivais presque normalement.

guy 45 (45)
07/04/2020 à 19:21

L'agriculture a trop longtemps été reléguée à des gens sans connaissance, qui faisaient comme papa parce que papa faisait comme son père.
Les esprits on changé et oui des façons culturales ont retrouvé certes des valeurs.
Je le vois bien sous ma fenêtre, un labour n'est plus systématiquement appliqué, les mentalités évoluent, dans le bon sens, mais ceci n'est pas de l'écologie, mais une prise de conscience d'habitudes à revoir pour raisonner un bilan.
Je précise que je parle de grandes cultures céréalières et pas de mon jardin.
Mon jardin c'est avec un autre état d'âme que je le confectionne, en respectant mon sol et ses habitants puis mes plantations que je protège, et mon dos qui es fatigué.
A cet endroit je me sens le roi des écolos, le Dieu du petit ver et de la butineuse, du nématode etc...
Je m'interdit le pesticide, mais passe encore une fois le rotavator par an sans plus, pour alléger ma terre et mon dos et les vers de terre sont encore présents en abondance.
Je sais ce qui se passe sous terre et dans les airs, et tente de pardonner l'intrus qui voudrait s'installer, sans le bombarder de cuivre et de souffre, comme le font les Biocolos pollueurs..
Mais pour ce qui est de la grande culture, et des besoins de subvenir au peuples qui ont faim, je reste dans le rationnel et pas dans le rêve.
Ce sera un autre sujet qui nous divisera certainement, persuadé que la production Bio ne fait pas ce qu'il y a de mieux, ni pour la planète, ni pour remplir les bouches des pauvres gens, qui ne pourront pas se l'offrir, et encore moins pour les forêts qui vont disparaître, pour lui faire de la place.
Ah oui j'oubliai, ne plus manger que des légumes, ou seulement des steaks de soja.
Bof !!!! la nature si généreuse va nous rattraper cette année, avec notre économie et nous en saurons plus d'ici fin avril !!!

guy 45 (45)
07/04/2020 à 19:31

André Jean tu n'a rien inventé, rien découvert, tu as appliqué les bonnes méthodes qui on réveillé ton sol, de façon naturelle, sans plus, et sans parler de permaculture et de son dogme militant et délétère.

Marc65 (65)
07/04/2020 à 19:57

Guy 45, l'argument de nourrir des peuples qui ont faim ne m'a jamais convaincu, les peuples qui ont faim n'ont jamais eu les moyens de se nourrir de la production des pays développés. Nourrir beaucoup de monde pas cher, c'est surtout l'agriculture des pays en voie de développement qui le fait et on sait comment.
Le Bio est presque hors-sujet d'un certain point de vue, puisque son cahier des charges est de produire sans produits de synthèse pour rassurer des consommateurs inquiets pour leur santé. Produire ou consommer bio, y compris utiliser des produits et engrais bio de la jardinerie, n'est pas nécessairement écologique, et souvent pas écologique du tout .