Proies et convives des plantes carnivores

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Certaines plantes carnivores se nourrissent de proies, lesquelles et comment sont-elles attirées ? Il existe des stratégies optiques, tactiles ou olfactives.

Les proies

Les proies



Selon la taille et le type de piège de la plante carnivore, les proies s’étendent de l’organisme microscopique aux vertébrés. Avec leurs divers pièges (glissant, adhésif, à mâchoire ou à succion), les plantes carnivores capturent des arthropodes (animaux invertébrés) de taille plus ou moins importante, notamment des insectes.
Le répertoire comprend des araignées, des petits crustacés, des papillons, des guêpes, des abeilles, des fourmis, des moucherons, des mouches et autres moustiques.

Attraction et capture

Attraction  et capture

L’attraction revêt des formes diverses et  variées. Outre les attractions chimiques pour l’attraction à grande distance, la couleur vive des pièges constitue une composante importante. Les pièges, ainsi que les fleurs, sont souvent colorés, ce qui suggérerait l’idée que l’un ou l’autre serait des organes de capture chez la plante carnivore.
Mais la capture des proies n’est pas assurée que par des organes foliaires. Si les fleurs capturaient les insectes et les tuaient, aucune pollinisation n’aurait lieu et les plantes ne pourraient pas se multiplier (il existe des fleurs qui retiennent momentanément leurs pollinisateurs mais ils sont libérés après un certain temps, afin qu’ils puissent transférer le pollen par exemple des orchidées d’Australie, l’arum de nos régions).

Les mécanismes d’attractions jouent un rôle déterminant dans la carnivorie. Ils amènent les proies potentielles à se rapprocher de la zone où elles sont capturées. Les plantes ont élaboré une série de stratégies optiques, tactiles ou olfactives. Des gouttes de nectar sont souvent produites sur les structures de capture. Il n’est par rare dans nos régions au mois de juin-juillet de trouver des urnes de sarracenia pleine, ce qui peut provoquer des indigestions à nos plantes.
On trouvera essentiellement des guêpes, des mouches et des abeilles. C’est la période à surveiller car trop de proies va se traduire par des taches brunes sur l’urne et provoquer sa destruction (voir photo). Le remède le plus rapide consiste à boucher l’urne avec une boule de coton.
Je ne trouve pas le coton très esthétique donc je préfère aspirer une partie du contenu.
Facile à faire :
- il faut modifier le tube souple d’un aspirateur en réduisant son diamètre à 12mm soit avec un tube souple ou cuivre attention bien ébarber le tube pour ne pas blesser la plante
- positionner le variateur de l’aspirateur sur sa vitesse la plus faible.
Ou, troisième solution, la pince plate très longue.

Si vous observez bien, vous pouvez voir l’attraction et la capture d’une guêpe par un sarracenia attirée par l’aspect floral du piège et du nectar :
- la guêpe atterrit sur la feuille en cornet, sur la surface interne glissante située sous le rebord de l’ouverture du piège
- la victime dérape
et tombe vers sa perte. Fascinant !!!

Le piège le plus repandu chez les plantes carnivores pour attirer les proies est celui émis par le nectar dont la source se situe dans le voisinage de la zone dangereuse du piège. Ainsi les pièges glissants à urne des Népenthes sont pourvus sur leur rebord (péristome) de glandes nectarifères qui dégagent une odeur. La quantité de nectar sur ce péristome est plus importante que dans l’espace intérieur de l’urne, de sorte que les animaux séjournent de préférence à l’endroit le plus dangereux. Outre la nourriture animale, les plantes carnivores consomment aussi des aliments d’origine végétale. Certaines espèces d’Utriculaires aquatiques se nourrissent d’algues vertes planctoniques.
Les Pinguiculas assimilent des protéines de grains de pollen qui peuvent représenter jusqu’a 70% de la totalité de l’azote absorbé.

Les convives ou commensaux

Il n’est pas surprenant que des pièges remplis attirent des voleurs, tout un groupe d’animaux peut séjourner sans danger près des organes de capture des plantes carnivores : les commensaux.
Le terme désigne la coexistence de deux organismes lorsque l’un des commensaux (par exemple Xanthoptera) se nourrit du surplus de nourriture de l’autre (Sarracenia) sans lui porter préjudice, la mouche à viande sarcophage, les fourmis : myrmécochorie. A cela s’ajoute un grand nombre de bactéries, de champignons et d’organismes unicellulaires. Les larves de moucherons et des mouches qui colonisent surtout les urnes anciennes encore légèrement acides. Dans de telles urnes devenues inactives, on trouve également des têtards, des grenouilles et même de petites écrevisses parmi les prédateurs non aquatiques l’araignée-crabe Misumenops nepenthicola.

Elle occupe le bord des urnes de Népenthes, l’araignée saisie la proie sur le bord du piège ou quand elle vient juste de tomber. En cas de danger, elle peut même se laisser glisser le long de son fil vers le liquide de l’urne et s’y plonger quelques minutes pour se cacher.

Le mois prochain : mon terrarium.