La PAC a 50 ans

Message d'origine
ANOCLETE (33)
19/02/2012 à 08:43

Je vous propose la lecture de l’éditorial de Sud-Ouest de hier.

LE TEMPS DES HAIES ET DES PRES

C'est un anniversaire qui passera certainement inaperçu, sinon dans la mémoire de quelques agriculteurs maintenant octogénaires qu'en ce temps-là on appelait paysans. Il y a cinquante ans, la politique agricole commune européenne entrait en vigueur. À l'époque, elle fut accueillie avec passion. Ses objectifs étaient louables. Améliorer les rendements existants. Aider à des vies dignes. Permettre à un monde ancestral d'accéder à une période « moderne ».S'il est un marqueur, comme une borne dans notre histoire récente, c'est bien cette date de 1962. Pourquoi ? Parce que la PAC a amené avec elle toutes les lumières du progrès et leurs noirs contrepoints, que l'on mettra des décennies à découvrir. À quoi ressemblaient alors les campagnes françaises ? On en a peu idée aujourd'hui. Qui croirait qu'il existait encore des fermes au sol de terre battue ? que les métayers étaient régis selon des lois qui avaient peu changé depuis l'Ancien Régime ? et que des lopins de terre suffisaient à la subsistance de trois générations ? Qui aujourd'hui pourrait regretter ce temps-là ? Personne .Mais il est curieux qu'en cette année qui célèbre également le centenaire de la naissance de Jacques Ellul, écologiste raisonné et visionnaire, nul ne vienne remarquer combien tout progrès porte en germe sa propre malédiction. Les obligations de cette modernité ont changé la face des pays. Celle d'une Europe et d'une France aux routes bordées de haies et d'arbres. De cours d'eau tortueux changés en droites canalisations. Tout un visage au fond que tentent de recomposer de bucoliques et nostalgiques affiches au goût de terroir. Le plus important n'est pas là. Il est de s'apercevoir qu'un équilibre a été trop rapidement brisé que nous essayons vainement de rétablir. Celui qui existait entre métropoles et alentours. La ville est devenue boulimique et envahissante. Insatiable de banlieues qui aspirent ce qui était villages et les changent en de pauvres ceintures urbaines toujours identiques l'une à l'autre. Un pacte a été rompu. La politique agricole commune ne fut qu'un symbole. Celui qui changeait le paysan en un exploitant d'une entreprise familiale à l'économie aujourd'hui précaire. Mais elle paraphait la mort d'une époque qui nous venait en droite ligne des temps anciens. Le néolithique vivait encore en nous. Nous l'ignorions. En 1962, un monde s'effrita sans bruit.

YVES HARTE
Editorialiste Quotidien Sud-Ouest

Réponses
alaing (38)
19/02/2012 à 09:30

Très bien Anoclete de nous répercuter cette info... nous avons la mémoire si courte !
" la PAC a amené avec elle toutes les lumières du progrès et leurs noirs contrepoints...."
Voici bien l'essentiel !
Tout rêve, tout projet, tous progrès, toute "avancée" ... portent en eux des revers insidieux.
Qui, individus, groupes, partis, nations, n'a pas cru aux lendemains qui chantent ?
Et soyons réalistes
Que serait devenu le monde agricole sans la pac ?
Chaque génération à mission de corriger les rêves de celle qui l'a précédée.

netmentmieux (34)
19/02/2012 à 10:19

Je ne suis pas "éditorialiste" mais cette vision est assez réductrice : et le relief nous apparait bien différend suivant d'où vient la lumière, alors qu'il ne change pas en réalité .... est-ce une raison pour couper l'électricité ?
Alain a "en partie" assez bien résumé ma pensée

ANOCLETE (33)
20/02/2012 à 10:54

il y a cinquante ans......

alaing (38)
20/02/2012 à 15:01

une sacrée potion de réalisme Anoclete que cet article !
"La PAC, dans une France qui produisait moins de 80 % de sa consommation alimentaire, a apporté « un bol d'air », assure Maurice Blanc, qui était pour. Le choix de la raison plus que du cœur car, dit-il, « on aurait préféré que les prix agricoles restent plus élevés. Mais il fallait qu'ils baissent pour faire face à la concurrence internationale, et on les a compensés par des subventions… »
C'était 1962...
les poules de notre voisin nous réveillaient tôt.. elles ont disparues
ensevelies sous un lotissement plus profitable.
20 ans après arrivé dans ma campagne, je suivais le soir, avec ma belle voiture,
en rentrant du boulot en ville le troupeau de laitières de mon voisin ...
Il n'en reste qu'une poignée dans le champ d'à côté,
circuit touristique de mes zhotes qui viennent d'ailleurs !
Et j'entends mes amis encore agriculteurs perdre espoir,
tout en disant comme Maurice Blanc:
qu'il « va pourtant bien falloir produire ».

netmentmieux (34)
20/02/2012 à 16:32

Sacrée potion de réalisme ,? c'est vrai il y a deux façon de regarder dans les jumelles ; par les petits trous ou par les grands trous
...:"On aurait préféré que les prix agricoles restent plus élevés:" ...j'hallucine : jamais les salaires n'avaient été aussi bas (ce qui a amené la révolution de mai 68 ) il a fallu un rattrapage de 22% aux accords de Grenelle pour rétablir un semblant de remise à niveau
C'est vrai qu'avec le Grand Charles les Amin Dada et autres Bokassa ne manquaient de rien : le rayonnement de la france en Afrique aux bons soins du contribuable vous connaissez ? France-Afrique ?
il y a des petits agriculteurs en effet dont le sort n'est pas enviable mais le plus fort c'est que ce ne sont pas ceux là qui sont subventionnés ce sont les " Céréaliers" de la Beauce millionnaires , sur le podium des subventions avec le prince de Monaco et le plus grand riziculteur de Camargue
Alors si j'ai une larme a verser , je la garde pour le petit consommateur

alaing (38)
20/02/2012 à 20:24

" jamais les salaires n'avaient été aussi bas (ce qui a amené la révolution de mai 68 )"
Ah ! les secousses de 68, printemps de Prague, et de Pologne, de Tokyo, de Mexico,
les émeutes en Allemagne, les pavés de Paris, LutherKing, quoi d'autre encore...
résultat de la PAC en 4 ans seulement !
Cà m'avait échappé !
;---))))
"une larme a verser , je la garde pour le petit consommateur.."
le consommateur ou le petit producteur ?

netmentmieux (34)
20/02/2012 à 21:16

- " Comme à l'Arc de Triomphe tu ranimes la flamme du souvenir!
-" ...sous les pavés ..la plage .....David Cohn Bendit...Alain Geismard ...Marc Sauvageot
- " A la Sorbonne on avait écrit : " Messieurs les C.R.S rentrez sans frapper

- "Disons que le producteur a la liberté de mettre les prix sur les étiquettes
Le consommateur a celle d'honorer le ticket de caisse ce sont des pouvoirs qu'on ne peut pas confondre

ANOCLETE (33)
21/02/2012 à 07:15

Non, ce n'est malheureusement pas le producteur qui met le prix sur l'étiquette, à part dans la vente directe ou dans la AMAP.

netmentmieux (34)
21/02/2012 à 17:43

On trouve toujours d'excellents exemples qui finissent par "a part"
Parce que je vais te dire : depuis quelques années le producteur il se fout du consommateur:ou plutôt il ne le connait plus !
il livre sa production a des coop, des centrales d'achat, des exportateurs et autres intermédiaires et ses seuls interlocuteurs sont les politiques par l'intermédiaire de son ." CAC 40 ";....... la FNSEA
Et il se fait rouler dans la farine !..... tout comme le consommateur !..., qui cherche:
-"du bon à petit prix "alors qu'à lui on lui demande ,
- " du beau pas cher "
Mais je ne suis pas sur que tu sois sensible à ce raisonnement qui ne correspond guère à ta ligne de pensée