Un couvert vivant d'été, rapide, sobre et pas cher

Message d'origine
Marc65 (65)
19/07/2023 à 10:24

Si comme moi vous voulez que votre potager soit auto-suffisant en matière organique en y faisant pousser autant de végétation que possible, voici un couvert intéressant par sa rapidité et sa sobriété.
Après la récolte des fèves, finie dans les derniers jours de mai, j'ai ensemencé cette parcelle avec un mélange de variétés de millets, et avec des amarantes. Moins de 2 mois après (semis du 27 mai), ma parcelle est couverte d'une herbe dense, les amarantes sont en épis fleuris, les millets du genre panicum sont eux aussi en épis, et les autres millets ne vont pas tarder à montrer les leurs. Ce sont toutes des plantes qui poussent bien en condition chaude et assez sèche, elles ont cette fameuse photosynthèse en C3 qui leur permet de faire plus de biomasse avec moins d'eau. Pour le coup, comme elles ont été semées en condition humide, elles ont poussé sans aucun arrosage de ma part depuis. Les graines de millets, je les ai prises dans un sac de graines pour les oiseaux, elles étaient faciles à trier parmi les autres car elles sont parfaitement rondes. Les graines d'amarantes sont auto-produites, les amarantes en produisent par milliers, et j'en cultive chaque année une population métissée, plus ou moins rouges ou vertes.
Je vais faucher bientôt, je vais y semer des radis daïkon et des choux chinois Pe-tsaï. Je ne voulais pas laisser le terrain nu en juin-juillet, et je voulais semer en août avec de quoi pailler mon semis.
Les plantes de ce couvert pourraient aussi être utilisées pour une période un peu plus longue, et être fauchées avant leur maturité, où même moissonnées à maturité. Les amarantes commencent déjà à semer leurs graines 2 mois et demi après le semis, et dans de bonnes conditions elles peuvent faire plus d'1,5 m à cette âge. Le millet Panicum miliaceum a lui aussi une maturité précoce, environ 3 mois après le semis. Les graines d'amarantes et de millets sont comestibles, classées habituellement parmi les pseudo-céréales pour l'amarante, et parmi les céréales secondaires pour le millet. Les feuilles d'amarantes sont comestibles, et font un excellent "épinard." d'été.

Réponses
dede89 (89)
19/07/2023 à 17:03

Les amarantes comme le pourpier envahissent mon jardin a cette epoque et je fais mon possible pour les eradiquer et je ne suis pas près d'en manger sauf si j'etais obligé.J'ai essayé le pourpier en salade ,vraiment ça ne vaut pas une bonne laitue.
Ce qui m'interesserait c'est de savoir quel engrais vert on peut semer avant l'hiver dans une terre argilo calcaire (plus argileuse)

Marc65 (65)
19/07/2023 à 19:53

Dédé, il ne s'agit pas des mêmes amarantes, leurs graines relèvent rarement l'année suivante.
Comme tu le sais, ma terre est également argileuse. Pour ce qui est du calcaire, je pense que le choix sera d'autant plus limité et spécifique que ton pH s'écartera du 7.
Il y a un choix assez large pour les engrais verts "d'hiver". Tout dépends du résultat recherché, (faire un couvre-sol, faire de la biomasse, faire un travail racinaire important, faire de l'azote organique, autre...), et des dates possibles pour le semis comme pour la fauche.
Il y a principalement 3 familles de plantes pour cette période, des crucifères, des céréales et des légumineuses, avec plusieurs bonnes espèces dans chacune de ces familles. Pour ma part, j'utilise du seigle, des moutardes y compris des moutardes potagères.
Pour les légumineuses, je préfère cultiver plus de fèves et de pois d'hiver, que des fèveroles et pois fourragers, mais c'est parce qu'il y a un compromis à faire entre les cultures potagères d'hiver et les engrais verts, et qu'une bonne façon de voir la chose est de cultiver des potagères qui ont aussi un bon effet comme engrais vert et réciproquement. J'avais 5 de mes 15 parcelles en pois protéagineux l'hiver dernier, certains associés avec de la moutarde brune, et c'est seulement au printemps que j'ai décidé lesquelles seraient récoltées en petits pois et lesquelles seraient fauchées comme engrais vert.
C'est la même chose avec la moutarde potagère (moutarde de Chine). C'est un très bon légume d'hiver, une plante avec un forte végétation, un fort enracinement. Suivant la quantité plantée, ce que j'en consomme peut représenter 5 à 30% de ce qui pousse.

Le seigle est très performant en tous terrains, surtout si semé en septembre, même chose pour l'avoine. Le triticale se sème autour d'octobre. Plus tard on peut encore semer des blés, jusqu'en décembre. Préférer les blés anciens, plus rustiques et plus pailleux. Evidemment, plus on sème tôt, plus tôt le terrain sera couvert. Le moment optimal pour les faucher, c'est en épi et encore vert, à partir de début mai. On peut attendre plus tard pour avoir une paille plus consistante, ou pour moissonner.
Le trèfle incarnat se sème tôt, éventuellement dès fin août. La vesce se sème plutôt en octobre, avec une céréale qui lui servira de tuteur au printemps, souvent c'est de l'avoine. Pois fourragers et fèveroles se sèment plutôt à la Toussaint, ne couvrent pas le terrain pendant l'hiver, mais rapidement à partir de mars. C'est à faucher à partir d'avril. On peut semer les fèveroles et pois plus tôt, et ils couvriront un peu mieux le terrain pendant l'hiver, mais le risque de geler sera plus grand.
Les crucifères se sèment de septembre à octobre. Moutarde blanche et moutarde brune peuvent monter avant l'hiver si semées au plus tôt, sinon elles montent en avril. La moutarde blanche gèlera en janvier si elle est montée, ce qui à l'avantage de libérer le terrain très tôt. La moutarde brune résiste mieux, travaille plus longtemps, et fait plus de biomasse, pour une fauche optimale en avril. Les moutardes de Chine semées en septembre, et repiquées, ne montent pas avant l'hiver, ne gèlent pas (normalement). Je fauche moutarde brune et moutarde de Chine début avril, mais on peut libérer le terrain plus tôt.
Le mélange est possible entre les différents genres et espèces. Il y a d'autres plantes, comme la phacélie, mais je n'en fais pas, trop cher. On peut aussi semer n'importe quelles autres variétés et espèces bisannuelles capables de faire le job. J'ai fait une plantation de bourrache en septembre (repiquage), elles font un gros volume au printemps, fleurissent tôt, beaucoup et longtemps. J'avais une parcelle où des laitues à couper se sont ressemées naturellement l'été dernier, elles ont couvert le terrain, j'y ai semé 3 rangs de pois à la Toussaint, elles n'ont pas gelé, n'ont pas géné les pois qui les ont étouffé au printemps. Laissées seules, elles auraient fait un beau volume, fin mai.
Il y a des plantes pour tous les cas, et tous les cas trouveront leurs plantes. Il y a encore beaucoup à essayer et à inventer.

dede89 (89)
19/07/2023 à 22:33

Merci, de tous ces renseignements bien clairs,je vais donc me tourner vers les moutardes et seigle, si j'en trouve, ou avoine .

Marc65 (65)
20/07/2023 à 00:32

J'ai trouvé mon seigle chez Baumaux. La moutarde de Chine en vient aussi (la variété Southern Giant Curled).
La graine de moutarde brune venait d'une épicerie en ligne, c'était vendu pour préparer sa moutarde soi-même. Ici, il y en a à un prix avantageux, germination garantie www.biovie.fr/fr/180-118-moutarde-a-germer.html#/41-poids-300_g
Je pense faire un peu plus de moutarde de Chine, parce que j'en ai fait rentrer 3 variétés, faire plus de seigle aussi, parce que j'ai constaté cette année que les patates et les courges poussent bien ensuite, et continuer le pois protéagineux associé à la laitue à couper. J'ai aussi de l'épeautre à tester. Si c'est satisfaisant, ce sera une alternative au seigle. Le seigle est réputé pour sa capacité à empêcher les adventices de lever, mais cela en fait un mauvais compagnon pour un semis , et peut-être même un précédant risqué (pas de problème avec des plants, des bulbes ou tubercules). Je vais en profiter pour tester seigle et épeautre comme tuteur dans les pois d'hiver. L'association pois/moutarde brune était une mauvaise idée.

dede89 (89)
20/07/2023 à 09:39

J'ai laissé monter a graine de la salade bowl ou feuille de chene pour justement essayer de faire de l'engrais vert a bas prix,j'essaierais bien les lentilles que l'on trouve en sec dans tous les magasins(pour le prix modique) .Dans une discussion, j'ai entendu que l'on pouvait faire macérer un broyat de lentille dans l'eau et de s'en servir comme engrais dilué dans l'eau.

Marc65 (65)
20/07/2023 à 09:54

La lentille fait peu de végétation. Au potager, ça demande une terre assez affinée, et propre, parce que ça passe les premières semaines après la levée à s'enraciner sans pousser beaucoup, et du coup c'est vite étouffé par les adventices. Sarclage à la main à prévoir. J'en ai fait pendant des années, parce que j'avais de la place, du matériel, et que c'est un légume de premier choix. Mais comme engrais vert, ça peut être un petit complément, au mieux. Pour le broyat macéré, c'est une "prédigestion" qui accélère le retour de l'azote dans le systéme, mais ce serait beaucoup plus avantageux à faire avec de l'herbe, des orties, des pois fourragers, et surtout de la luzerne (qui aime bien les terrains calcaires). Personnellement je trouve que les lentilles ont beaucoup augmenté de prix en peu de temps. Si tu veux un engrais azoté organique peu cher, prends de la luzerne en bouchons pour les chevaux en sac de 25Kg, le prix de l'azote sera 10 fois moins cher qu'avec des lentilles, et tu auras l'amendement organique en prime (l'azote le moins cher sur le marché, et de loin, malgré l'envol des prix, c'est l'ammonitrate et l'urée. L'azote gratuit c'est l'urine).

dede89 (89)
20/07/2023 à 10:07

Merci Marc

Marc65 (65)
20/07/2023 à 10:52

Pour les lentilles, c'est un semis précoce au printemps. Je ne crois pas que ça se pratique en culture d'hiver; ça pourrait se tenter, mais avec beaucoup de difficulté (sol durci, salissement...)